dimanche 20 mai 2012

Les heures souterraines



Chaque jour, Mathilde prend la ligne 9, puis la ligne 1, puis le RER D jusqu'au Vert-de-Maisons. Chaque jour, elle effectue les mêmes gestes, emprunte les mêmes couloirs de correspondance, monte dans les mêmes trains. Chaque jour, elle pointe, à la même heure, dans une entreprise où on ne l'attend plus. Car depuis quelques mois, sans que rien n'ait été dit, sans raison objective, Mathilde n'a plus rien à faire. Alors, elle laisse couler les heures. Ces heures dont elle ne parle pas, qu'elle cache à ses amis, à sa famille, ces heures dont elle a honte. Thibault travaille pour les Urgences Médicales de Paris. Chaque jour, il monte dans sa voiture, se rend aux adresses que le standard lui indique. Dans cette ville qui ne lui épargne rien, il est coincé dans un embouteillage, attend derrière un camion, cherche une place. Ici ou là, chaque jour, des gens l'attendent qui parfois ne verront que lui. Thibault connaît mieux que quiconque les petites maladies et les grands désastres, la vitesse de la ville et l'immense solitude qu'elle abrite. Mathilde et Thibault ne se connaissent pas. Ils ne sont que deux silhouettes parmi des millions. Deux silhouettes qui pourraient se rencontrer, se percuter, ou seulement se croiser. Un jour de mai. Autour d'eux, la ville se presse, se tend, jamais ne s'arrête. Autour d'eux s'agite un monde privé de douceur.

L'avis de Chicky Poo :


C'est probablement l'un des livres les plus tristes que j'ai lus cette années. Enfin, "triste" n'est pas forcément le bon mot, c'est plutôt une histoire tout à fait banale et surtout particulièrement plombante. On suit les histoires de Thibault et Mathilde, deux êtres malheureux, pour des raisons différentes.

Si j'avais été séduite par "No et moi", j'avoue que pour cette fois, ce n'est pas de la séduction. Le livre ne m'a pas déçue, attention... Mais si vous êtes déjà déprimé(e)s, ne vous y mettez pas, sinon c'est le suicide assuré ! Parce que c'est pas la tristesse de l'histoire, c'est la facilité avec laquelle on se glisse dedans et on se dit "ça arrive tous les jours". Le réalisme est saisissant et finalement c'est ça qui prend à la gorge.

Le point que j'ai trouvé le plus difficile, c'est que l'histoire se déroule en un seul jour. On s'insère dans une seule et unique journée des deux personnages, le 20 mai. Une journée banale et particulière à la fois. Le fais que ça ne se passe que sur une seule journée, rend l'atmosphère extrêmement lourde et on a vite envie d'arriver au bout pour aller se coucher, enfin. 

Les personnages, si malheureux soient-ils, sont très attachants et on a l'impression de les connaître depuis toujours. Mathilde est l'une de ces femmes d'affaires qui ont l'air triste et qu'on a envie de serrer dans ses bras. Quant à Thibault, je l'ai imaginé tel un "ours", qui manque juste de tendresse... C'est peut-être justement cet attachement aux deux héros qui rend leur souffrance aussi difficile à supporter pour nous...

"Je n'ai pas pleuré, seulement, la vision du monde du travail est différente après ça, même si on sait que ça reste un roman... On est toujours au bord de la réalité. C'est un très beau roman, très bien écrit et qui mérite vraiment d'être lu !
Mais les gens désespérés ne se rencontrent pas. Ou peut-être au cinéma. Dans la vraie vie, ils se croisent, s’effleurent, se percutent. Et souvent se repoussent, comme les pôles identiques de deux aimants."

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